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Mai 68 vécu de l’intérieur
« Il n'y avait pas une volonté de nuire et de détruire la société en tant que telle. Il y avait une volonté réelle de la transformer, de la reconstruire. » L'auteur et philosophe français Jean-Christophe Bailly raconte ses souvenirs de la révolte étudiante de Mai 68, à laquelle il a participé activement.
Au printemps 1968, au moment où prend forme le mouvement de contestation, Jean-Christophe Bailly étudie à Nanterre. Lorsque sa faculté ferme, il se déplace sur la rive gauche pour sentir le bouillonnement des rues du Quartier latin et y ressent une grande liberté. Au fil des manifestations, il adhère aussi à la Jeunesse communiste révolutionnaire.
« Quand le mouvement a débordé en dehors du monde étudiant, on a retrouvé dans les occupations des usines ce sentiment de joie d’avoir enlevé le couvercle qui nous oppressait. »
La nuit des barricades
Dans la nuit du 10 au 11 mai 1968, des affrontements se produisent entre les policiers et les étudiants dans le Quartier latin. Sur place, Jean-Christophe Bailly observe avec une quinzaine de militants la destruction de barricades construites par les étudiants. Alors que les charges policières ont lieu, une religieuse l’héberge dans une église.
Malgré les pavés retirés de la chaussée, les voitures retournées et les charges policières ou étudiantes, l’auteur considère aujourd’hui que les journalistes ont dramatisé les événements. « C’était vécu de façon assez joyeuse. Il n’y avait pas du tout de panique. »
Les visages de Mai 68
Jean-Christophe Bailly se rappelle du grand talent d’orateur de Daniel Cohn-Bendit, un des leaders du noyau de militants anarchistes.
Il devient un symbole à partir du moment où on l’accuse d’être un Juif allemand. Cette insulte donne naissance à un slogan marquant de Mai 68 : « Nous sommes tous des Juifs allemands. »
Toutefois, selon l’auteur, il est impossible d’associer Mai 68 à seulement quelques dirigeants étudiants. Les visages de Mai 68 sont plutôt ceux de la grande manifestation de 1 million de personnes du 13 mai, qui enclenche la grève générale.
Référence
Un arbre en mai (Nouvelle fenêtre), de Jean-Christophe Bailly, Éditions du Seuil, 2018